C’est un cri étouffé. Le monologue intime et fiévreux d’une Iranienne de 16 ans. Elle s’appelle Badjens, "mauvais genre", un surnom en deux syllabes choisi par sa mère, comme une claque contre les gifles de son père. Dans son pays cadenassé par les ayatollahs depuis quatre décennies, la jeune adolescente se sent mort-née, captive de ce foulard-prison obligatoire qu’elle défie par petites touches de fantaisie et d’espièglerie. Jusqu’au jour où une jeune femme, Mahsa Amini, est tuée pour l’avoir mal porté. Soudain, le cri explose, brisant la carapace de peur et les interdits. Debout, sur sa benne à ordure renversée en plein milieu d’une foule de manifestants, les souvenirs d’enfance se dévoilent, comme ses cheveux, dans une ultime pulsion de rage, d’espoir et de vie. un texte magnifiquement lu par Alice Rahimi.